1. Des pouvoirs arbitraires
                  Les  amendements accordent à la ministre un trop grand pouvoir arbitraire lui  permettant de modifier les règles au fur et à mesure.  
                  Ces amendements permettront à la ministre de donner  des « instructions », sans surveillance parlementaire ni  consultations obligatoires.  Les  instructions apporteront des changements quant aux immigrants traités et  acceptés.  Le fait que les règles  relatives à l’acceptation des immigrants soient établies et changées par une décision  ministérielle arbitraire crée de l’incertitude, manque de transparence et rend le  processus de sélection des immigrants vulnérable aux pressions politiques  inappropriées.
                  2. L’élimination du droit légal du  demandeur
                  Les  amendements éliminent le droit à la résidence permanente pour les demandeurs  qui se conforment à la loi.
                  La modification proposée à l’article 11 de la LIPR, de l’actuel texte  précisant que les visas « sont délivrés » au nouveau texte voulant  qu’un agent « peut les délivrer », réduit de façon dramatique les  droits des demandeurs.  Le libellé actuel  permet à un demandeur de demander l’intervention des tribunaux si Citoyenneté  et Immigration Canada ne traite pas la demande selon ses responsabilités.  Si la modification est adoptée, le demandeur  n’aura plus le même droit légal d’exiger que le traitement soit finalisé dans  un délai opportun.  Ceci s’applique à tous  les demandeurs, qu’ils soient dans la catégorie économique, du regroupement  familial ou des réfugiés.
                  3. Les demandes faites pour motifs  d’ordre humanitaire hors du Canada 
                  Les  modifications éliminent le droit à l’étude d’une demande faite à l’extérieur du  Canada pour des motifs d’ordre humanitaire.   La loi permettra que ces demandes soient plutôt retournées ou même éliminées. 
                  En ce  moment, une demande faite pour des motifs d’ordre humanitaire est le seul  recours pour de nombreuses personnes disposant de raisons convaincantes de  demander la résidence permanente au Canada. Ceci inclut des cas de  réunification familiale pour des enfants (par exemple, les familles séparées  par la règle du membre de la famille exclu (règlement 117(9)(d)), ainsi que des  enfants réfugiés au Canada dont les parents sont à l’étranger).  Le gouvernement a laissé entendre qu’il n’a  pas l’intention d’utiliser l’option d’élimination des demandes faites pour des motifs  d’ordre humanitaire liées à la famille. Les modifications permettent cependant l’élimination  de ces demandes, par ce gouvernement ou un futur gouvernement.
                  4. Les intentions ne sont pas la loi
                  Le  gouvernement a fait de nombreuses déclarations quant à son intention face aux  nouveaux pouvoirs accordés par les amendements.   Les déclarations concernant les intentions actuelles n’offrent aucune  protection contre de futures utilisations très différentes des pouvoirs.
                  L’expérience  récente en ce qui concerne l’article 117 de la LIPR démontre les dangers de se fier à des engagements  ministériels.  Lors des débats au  Parlement au sujet de la LIPR,  la ministre a déclaré que l’article 117, qui criminalise l’organisation  d’entrée illégale de migrants, ne serait jamais utilisé contre des intervenants  humanitaires qui aident des réfugiés.   Malgré ces engagements, en 2007, une travailleuse humanitaire, Janet  Hinshaw-Thomas, a été arrêtée et accusée d’organisation d’entrée illégale en  vertu de l’article 117 pour avoir accompagné des réfugiés à la frontière  canadienne. 
                  5. Les amendements n’ont pas leur place  dans le projet de loi sur le budget
                  Les  amendements à la LIPR  ne devraient pas être inclus dans le projet de loi sur le budget, mais  devraient plutôt être traités dans un projet de loi distinct, étudié par le  Comité permanent de la citoyenneté et de l’immigration, et débattu selon ses  mérites.
                  6. Manque d’informations explicatives
                  Le  gouvernement n’a pas fourni suffisamment d’informations pour expliquer les  changements proposés, semant la confusion et l’incertitude.  Il est regrettable que la ministre, plutôt  que de fournir de la documentation adéquate plus claire, qualifie les critiques  des amendements de mal renseignées.
                  7. Une ébauche des instructions n’a pas  été rendue publique
                  Il est très  difficile pour le public de comprendre ce que le gouvernement se propose de  faire  étant donné qu’une ébauche des  instructions n’a pas été rendue publique.
                  8. Manque de consultation 
                  Les  amendements proposés ont été déposés sans consultation préalable auprès des  parties intéressées, comme il se fait normalement.  Ceci signifie que la proposition n’a pas pu  bénéficier de toute la gamme des perspectives.
                  9. Il y a d’autres façons de régler  l’arriéré
                  On s’entend  généralement pour dire qu’un problème dans le système d’immigration crée l’arriéré,  dont celui de la catégorie économique.   Il existe des solutions plus appropriées que les modifications  proposées.  En fait, les modifications  proposées ne règleront pas de toute façon l’arriéré actuel, puisque seules les  demandes déposées après la fin février 2008 seront touchées.
                  10. Le programme d’immigration doit considérer  les immigrants à leur juste valeur 
                  Les  modifications proposées s’insèrent dans le cadre de – et contribuent à – un  glissement préoccupant vers l’utilisation de l’immigration principalement pour  répondre aux besoins des employeurs canadiens, sans considération des intérêts  canadiens plus larges.  C’est dans cette  tendance que s’inscrit la dépendance grandissante et préoccupante aux permis de  travail temporaires.  Le Canada doit  considérer les immigrants comme des participants à part entière à la société,  et non comme des unités jetables pour combler les emplois actuellement  disponibles.  Cela signifie qu’il faut  reconnaître le besoin de politiques et de pratiques efficaces en matière de  réunification familiale, qui permettent aux immigrants d’être réunis avec leur  famille.  Or, le gouvernement ne  confronte pas les problèmes chroniques qui font en sorte que certains enfants  passent des années séparés de leurs parents.
                  Avril 2008 
                  
                   
                  
                  Communiqué sur le projet de loi C-50, Des amendements législatifs nuiront à la réunification familiale pour les enfants, 17 mars 2008
                  Questions et réponses, Le projet de loi Bill C-50 - Amendements proposés à la LIPR, avril 2008 
                  Citoyenneté et Immigration Canada, Le gouvernement du Canada présente des modifications visant à moderniser le système d’immigration
                  Le texte et le statut du projet de loi  C-50