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Travailleurs migrants

Commentaires: Propositions réglementaires visant l’amélioration du cadre de conformité du Programme des travailleurs étrangers temporaires et du Programme de mobilité internationale

Malheureusement ce document n'est disponible qu'en anglais.

Résumé

Le 20 juin 2014, le gouvernement du Canada a annoncé des réformes importantes au Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) pour veiller à ce que les emplois disponibles soient tout d’abord offerts aux Canadiens et aux résidents permanents compétents. Au même moment, on a réorganisé le PTET pour le convertir en deux programmes distincts. Maintenant, le PTET ne fera référence qu’aux volets dans le cadre desquels les travailleurs étrangers temporaires arrivent au pays, et ce, à la demande d’employeurs, après en avoir obtenu l’approbation par l’entremise du nouveau processus de demande d’EIMT. Le nouveau Programme de mobilité internationale (PMI) intègre les volets qui n’assujettissent pas les ressortissants étrangers au processus de demande d’EIMT, et dont l’objectif principal est d’avancer l’intérêt national économique et culturel du Canada, plutôt que de combler des emplois particuliers.

Quant aux volets qui demeureront des éléments du nouveau PTET, les dernières réformes comprennent un nouveau processus de demande d’EIMT; un plafond pour limiter le pourcentage de travailleurs étrangers temporaires (TET) des professions à faible rémunération, auxquels les employeurs peuvent recourir, et une exigence destinée aux employeurs de TET des professions à rémunération élevée de soumettre un plan de transition pour veiller à ce qu’ils prennent des mesures pour réduire leur recours aux travailleurs étrangers au fil du temps.

Dans le cadre de ces réformes, Emploi et Développement social Canada (EDSC) et Citoyenneté et Immigration Canada (CIC) procèdent au renforcement du cadre de conformité avec l'intention d'être mieux en mesure de décourager et de contrer la non-conformité des employeurs aux exigences et conditions du PTET et du PMI.

Un document de travail a été publié afin de fournir un aperçu des modifications réglementaires proposées et à recueillir des commentaires des personnes intéressées. Voici les commentaires du CCR en réponse à ce document de travail.

La traite des personnes à des fins de travail forcé : Document d'information

Introduction : La traite des personnes

Il y a traite des personnes lorsque quelqu’un profite de l’exploitation d’autrui, que ce soit par la coercition, la tromperie ou la fraude. Cette exploitation peut prendre différentes formes, notamment le travail forcé dans des secteurs aussi divers que celui de la construction, des services,  de l’industrie manufacturière, de l’agriculture, du travail domestique ainsi que de l’industrie du sexe et de la prostitution. Peu importe l’aspect qu’elle revêt, la traite des personnes constitue une atteinte aux droits humains fondamentaux. Elle touche les hommes, les femmes et les enfants.

Le présent document vise à fournir des renseignements sur la traite à des fins de travail forcé tel qu’il se présente au Canada.

La traite à des fins de travail forcé dans le monde

Construction - traiteLa traite à des fins de travail forcé survient dans un contexte où les inégalités économiques tant à l’échelle mondiale qu’au niveau local forcent un grand nombre de personnes à chercher des moyens pour mieux se protéger et subvenir à leurs besoins ainsi qu’à ceux de leur famille.

Près de 21 millions de personnes sont en situation de travail forcé dans le monde, et parmi elles, on compte plus de femmes que d’hommes. La plupart de ces personnes sont exploitées par des particuliers ou par des entreprises. Une minorité d’entre elles sont soumises au travail forcé par des organismes d’état[1]

La traite prend source de contextes socio-économiques ou politiques qui favorisent la pauvreté et la persécution ou qui engendrent des conflits et des inégalités (notamment fondées sur le genre). Alors que de nombreuses personnes sont aux prises avec le travail forcé au sein même de leur communauté, ces causes encouragent souvent les gens à immigrer dans l’espoir d’améliorer leur sort.

Les restrictions accrues en matière de politiques d’immigration dans le monde nuisent à la sécurité du processus migratoire et augmentent la vulnérabilité des migrants. Les trafiquants profitent de ces limitations ainsi que par l’absence de protections juridique et sociale disponibles aux personnes migrantes.

Les formes de travail forcé

Il y a traite à des fins de travail forcé lorsque des moyens sont utilisés (notamment l’abus des vulnérabilités d’une personne) afin d’asservir une personne en la persuadant à se consacrer à un travail déterminé ou à exécuter un service précis.

La section suivante décrit les différentes composantes qui définissent la traite.

Il s’agit d’un acte par lequel une personne est :

  • recrutée par un individu ou une organisation, et souvent imposée d’énormes frais et convaincue de contracter une importante dette pour obtenir un emploi;
  • déplacée d’un pays à un autre (ou à l’intérieur d’un même pays).

Il s’agit d’un moyen par lequel une personne est : 

  • trompée par de promesses attrayantes (bon emploi, scolarisation ou autres) pour finalement se rendre compte qu’elles étaient fausses ou que les conditions (par exemple l’emploi et le salaire) sont pires que prévues;
  • isolée et contrôlée afin de limiter sa liberté de mouvement, sa capacité de communiquer avec les membres de sa famille ou avec d’autres personnes ; elle est sous une surveillance constante;
  • menacée de ne pas être payée correctement, de ne pas être payée du tout ou de se faire imposer des pénalités; menacée également d’agression physique, de dénonciation aux autorités et de déportation; et enfin, harcelée dans le but de la contrôler et d’assurer sa soumission;
  • privée de son passeport, de ses pièces d’identité et de son permis de travail;
  • victime d’abus d’une situation de vulnérabilité dont le manque de moyens économiques viables, l’impossibilité de trouver un emploi, le surendettement, la barrière linguistique, l’absence de proches ou d’un réseau de soutien;
  • forcée de participer à des actes criminels comme la fraude ou le vol, et donc plus asservis du fait de sa culpabilité.

Il s’agit d’une situation d’exploitation dans laquelle une personne est : 

  • sous-payée, pas payée du tout, ou dont le salaire est amputé de manière injustifiable (p. ex. pour payer un loyer trop élevé);
  • forcée de travailler des heures supplémentaires non payées;
  • obligée de payer des frais de recrutement frauduleux;
  • contrainte de s’endetter par l’entremise d’un prêt, d’une avance sur salaire ou pour le règlement de frais frauduleux, dans le but de la maintenir dans une situation de servitude;
  • vendue à différents employeurs par des recruteurs ou par des agents.

Les employeurs ou les recruteurs ne sont pas les seuls responsables de situation de traite. Certaines personnes sont exploitées avec la complicité de connaissances, de voisins ou de membres de leur famille. 

La traite à des fins de travail forcé au Canada

Au cours des dernières années, le Canada a privilégié l’immigration temporaire plutôt que l’immigration permanente. Ainsi, un nombre grandissant de travailleurs étrangers viennent occuper un emploi temporaire au Canada afin de combler les besoins de main-d’œuvre sans disposer des mêmes droits que les autres travailleurs. Ces conditions et les restrictions concernant leur emploi les exposent aux mauvais traitements et à l’exploitation.

La traite des personnes est la forme d’exploitation la plus grave à laquelle sont exposés les travailleurs migrants au Canada.

Les travailleurs migrants et la traite à des fins de travail forcé

Au Canada, la traite à des fins de travail forcé concerne surtout les travailleurs migrants. Les personnes les plus touchées par les mauvais traitements et l’exploitation détiennent souvent un permis de travail valide obtenu sous le volet « professions peu spécialisées » du Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET), qui comprend les travailleurs « à rémunération peu élevée » et du secteur agricole primaire, ainsi que les aides familiaux résidants. Ces travailleurs étrangers temporaires peuvent se trouver dans la restauration et l’hôtellerie. Ils travaillent également dans le secteur agricole, dans l’industrie de la transformation des aliments, de la construction et de la production manufacturière, ainsi qu’en tant que domestique.

Les vulnérabilités des travailleurs étrangers temporaires à la traite des personnes

Les dispositions du PTET exposent les travailleurs migrants à l’exploitation et à la traite pour les raisons suivantes :

  • L’absence d’un statut permanent précarise la situation des travailleurs puisqu’ils ne disposent pas pleinement du droit ou de la possibilité de porter plainte pour mauvais traitements.
  • Les permis de travail liés à un employeur spécifique exposent les travailleurs à la déportation s’ils quittent l’employeur désigné. Ce type de permis limite la possibilité de chercher un nouvel emploi et de porter plainte dans le cas de mauvais traitements ou de salaire impayé.
  • L’hébergement fourni par l’employeur ou partagé avec lui, ou encore, en ce qui concerne les aides familiaux résidants, l’obligation d’habiter dans la résidence privée de l’employeur. Cette pratique permet d’isoler facilement les travailleurs, de leur soutirer de l’argent par le biais d’un loyer et de les exploiter.
  • L’isolement physique et social aggravé par la barrière linguistique empêchant tout contact avec la société d’accueil.
  • L’accès limité aux services.
  • Le manque d’accès à une formation linguistique ou sur leurs droits, au système d’éducation ou aux programmes fédéraux d’aide à l’établissement.
  • L’absence de surveillance et de mise en application de la réglementation favorise le recours à des pratiques illégales comme des frais de recrutement élevés menant à un endettement considérable et à la servitude.[2]

Malheureusement, les modifications apportées au PTET en juin 2014 ont peu fait pour améliorer la protection des travailleurs. Bien que des normes de surveillance et de contrôle aient été établies, de telles mesures reposent encore essentiellement sur un système de plaintes qui sera très peu utilisé par les travailleurs migrants, car cela risque de mener à la déportation.

Le virage vers une politique d’immigration plus restrictive au Canada augmente le risque de la traite à des fins de travail forcé, car les trafiquants profitent de cette nouvelle situation pour exploiter les personnes rendues ainsi vulnérables.

Les demandeurs d’asile et la traite à des fins de travail forcé

Les trafiquants forcent parfois leurs victimes à déposer une demande d’asile, ayant peu de chance d’être acceptée ou qui n’est pas poursuivie, ce qui expose ces personnes  à un renvoi. Les trafiquants peuvent ainsi les menacer et les asservir plus facilement dans le but d’exploiter leur travail de diverses manières.

Les récentes modifications apportées à la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés empêchent les migrants dont la demande d’asile a été refusée, retirée ou abandonnée d’en présenter une autre, notamment pour le permis de résidence temporaire qui est parfois offert aux victimes de la traite.[3]  Ces mesures empêchent les personnes d’échapper à leurs trafiquants qui peuvent ainsi les asservir aisément par des menaces de dénonciation et de déportation.
 

En 2010, 23 ressortissants hongrois ont été trafiqués à des fins de travail forcé au Canada et ont été obligés de demander l’asile. Leurs pièces d’identité avaient été confisquées dès leur arrivée. Ils ont été contraints ensuite de travailler sur des chantiers de construction sept jours sur sept, sans salaire, et de commettre des actes criminels. Ils ont subi des menaces et des agressions physiques. Ils étaient constamment sous surveillance et devaient loger au sous-sol chez leurs trafiquants.

Sous les nouvelles dispositions de la loi, le Canada n’aurait probablement accordé aucune forme de protection à ces ressortissants.

Les situations familiales et domestiques

La traite à des fins de travail forcé a également lieu dans des situations où une personne est forcée à la servitude domestique par des membres de la famille ou par des personnes autres. Parmi ces personnes, on retrouve :

  • Maison - traiteLes enfants contraints de travailler à la maison ou exploités de quelconque manière;
  • Les travailleurs domestiques accompagnant leurs employeurs au Canada et qui sont forcés de travailler sans salaire ;
  • Les conjoints, parents ou grands-parents exploités économiquement ou forcés de travailler à domicile, ou à l’extérieur, sous des menaces de violence ou de déportation. La nouvelle politique en matière de résidence permanente conditionnelle fragilise la situation de certains conjoints parrainés.​[4]  Le mariage forcé peut également servir à exploiter un conjoint.[5]

La traite à des fins de travail forcé et la précarité du statut migratoire

Les personnes dont le statut d’immigration est précaire, ou celles qui vivent sans statut sont particulièrement susceptibles à la traite à des fins de travail forcé. Même si elles sont entrées comme travailleurs étrangers temporaires, demandeurs d’asile, étudiants, touristes et personnes sans statut, les trafiquants  peuvent profiter des droits limités des personnes au Canada et de la menace d’emprisonnement et de déportation.

Depuis les modifications à la politique d’immigration du Canada, on constate une augmentation des personnes dont le statut est temporaire et précaire.

Pistes de solution

Il est possible de réduire les risques de la traite et d’accroître les ressources offertes aux personnes ayant subi la traite en :

  • élargissant l’accès au statut permanent ;
  • étendant les droits de ceux qui possèdent un statut temporaire et en appliquant les lois pour les protéger d’abus ;
  • mettant en œuvre des mesures légales de protection pour les personnes ayant subi la traite, dont le statut au Canada est précaire.
 

[1] Organisation international du travail (OIT) Estimation du travail force dans le monde (2012) : http://bit.ly/1qyIq2V.

[2] Voir Profiting from the Precarious: How recruitment practices exploit migrant workers, Metcalf Foundation (en anglais) : http://bit.ly/QnrPBt.

[3] Conseil canadien pour les réfugiés, L’accès des non-citoyens ayant subi la traite à la protection : http://ccrweb.ca/fr/protection-traite.

[4]  Conseil canadien pour les réfugiés, La résidence permanente conditionnelle pour les conjoints parrainés : http://ccrweb.ca/fr/residence-permanente-conditionnelle

[5] Voir Resource Information Guide to Human Trafficking Systems through Forced Marriages, South Asian Women’s Centre (SAWC) (en anglais)  : ccrweb.ca/en/resource-information-guide-human-trafficking-forced-marriages

Les travailleurs migrants: Contexte international

Résumé

Depuis dix ans, le CCR mène une campagne pour les droits des travailleurs migrants au Canada. Cette campagne met l’accent sur la protection des droits des travailleurs migrants au Canada, ainsi que sur leur accès à la résidence permanente et aux services. Puisque la migration temporaire de la maind’oeuvre est un phénomène mondial, le CCR commence à s’impliquer dans des activités concernant la justice migratoire à l’extérieur des frontières du Canada. Prenons le temps d’examiner de plus près la dynamique globale de la migration du travail…

Bilan de l'année 2013 : les réfugiés et les immigrants au Canada

L’année 2013 était marquée par l’accroissement des vulnérabilités pour de nombreux réfugiés et immigrants au Canada, le statut étant souvent plus difficile à obtenir et plus facile à perdre. Les priorités économiques l’ont emporté sur la réunification familiale et la protection des réfugiés.

Nouveau système d’asile : délais serrés, un système à deux vitesses

L’année 2013 était la première année d’application du nouveau système de détermination du statut de réfugié. Alors que le nouveau système est rapide et équitable pour certains, ses délais courts et ses règles complexes entraînent de sérieux problèmes pour d’autres.

  • Des délais courtsLes délais courts génèrent un niveau important de stress. Nombreux sont les demandeurs qui se retrouvent incapables de se préparer convenablement pour leur audience. Les délais sont particulièrement dommageables pour les demandeurs vulnérables, tels que les personnes ayant survécu à la torture, ou les demandeurs qui fuient la persécution en raison de leur genre ou de leur orientation sexuelle.
  • Système à deux vitesses : certains  demandeurs ont un accès réduit à la protection à cause de leur pays d’origine. Les demandeurs d’asile des pays d’origine désignés ont encore moins de temps pour préparer leur cas, avec un accès aux services limité et des droits de recours restreints. 
  • Accès aux soins de santé : Des coupures au Programme fédéral de santé intérimaire en 2012 multiplient les difficultés rencontrées par les demandeurs dans le nouveau système.
  • Le nombre de personnes présentant une demande d’asile au Canada a chuté de manière spectaculaire en 2013. Les chiffres définitifs pour l’année risquent d’être historiquement les plus bas.

Manque de protections avant l’expulsion

Le gouvernement a consacré davantage de ressources pour les expulsions rapides alors que de nouvelles règles suppriment les mesures de protection contre l’expulsion en cas de nouvelles preuves de risque ou de motifs importants d’ordre humanitaire. La loi fait des exceptions pour l’intérêt supérieur de l’enfant et pour une condition médicale potentiellement mortelle, mais la personne peut être expulsée avant que cela ne soit appliqué.

Travailleurs migrants : le statut temporaire les rend vulnérables aux pratiques abusives​

Pays traditionnel de l’immigration permanente, le Canada s’est orienté radicalement vers la migration temporaire. Les travailleurs « peu qualifiés » entrant dans le cadre du Programme des travailleurs étrangers temporaires du Canada, y compris de nombreuses femmes, sont vulnérables aux mauvais traitements, à l’exploitation et même à la traite.

Accès limité à la protection pour les personnes ayant subi la traite

Les nouvelles lois restrictives font souffrir les personnes ayant subi la traite au Canada, alors qu’elles essaient de s’échapper aux criminels qui les exploitent. Les permis de séjour temporaires ont été mis en place pour les protéger, mais ces permis ne sont plus disponibles pour les demandeurs d’asile. Certains trafiquants forcent leurs victimes à faire une demande d’asile. Citoyenneté et Immigration Canada reconnaît le problème et cherche une solution.

La résidence permanente : de moins en moins permanente​

Les nouvelles règles d’immigration signifient qu’il est plus facile de perdre la résidence permanente dans de nombreux cas.

  • La résidence permanente conditionnelle pour les conjoints parrainés. L’année 2013 fut la première année de l’application de cette nouvelle politique. Si un couple ne vit pas ensemble pendant une période de deux années, la personne parrainée perdra son statut et risque de se faire expulser. Des exceptions sont prévues dans les cas de mauvais traitements, mais la préoccupation demeure : cette politique rend les femmes encore plus vulnérables à la violence.
  • Après avoir commis un crime : Les changements de 2013 signifient que de plus en plus de résidents permanents n’ont aucun moyen de faire appel de leur expulsion, même s’ils ont vécu pratiquement toute leur vie au Canada.
  • Les réfugiés jugés n’avoir plus besoin de la protection. Aujourd’hui, les résidents permanents qui sont venus au Canada en tant que réfugiés perdent automatiquement leur statut si un tribunal juge qu’ils ne sont plus des réfugiés. Les personnes qui mènent une vie paisible et productive au Canada sont menacées d’expulsion.
Une bonne nouvelle : Ezokola

En 2013 la Cour suprême a mis le Canada en conformité avec les normes internationales quant à l’exclusion de la protection offerte aux réfugiés sur la base de crimes de guerre.

Les réfugiés ne seront plus exclus de la protection au Canada en raison d’un simple soupçon de crimes ou de leur appartenance à un groupe ayant commis des crimes, sans être personnellement coupables.

Citoyenneté canadienne : plus difficile à obtenir, plus facile à perdre​

Les questions de citoyenneté ont attiré l’attention en 2013, et feront de même en 2014.

  • Obstacles dans l’acquisition de la citoyenneté. Les délais de traitement des demandes de citoyenneté dépassent actuellement 2 ans. En 2013 de nombreux demandeurs ont dû remplir un  « questionnaire sur la résidence » détaillé, entraînant des délais supplémentaires. Depuis 2012 les demandeurs doivent fournir une preuve de leurs connaissances linguistiques (à leurs frais) - un obstacle, notamment pour les réfugiés vulnérables.
  • Des propositions législatives pourraient rendre la perte de la citoyenneté plus facile, notamment pour les détenteurs de la double nationalité. Le gouvernement pourrait également retirer le droit d’obtention automatique de la citoyenneté par la naissance au Canada.

Les priorités économiques aux dépens des familles et des réfugiés

L’immigration canadienne comporte trois volets : l’immigration économique, la réunification des familles et la protection des réfugiés. En 2013 le premier volet a été hautement prioritaire. Les réfugiés et la catégorie de l’immigration familiale sont de plus en plus évalués selon des critères économiques.

  • Waiting timesRetards importants pour les réfugiés parrainés par le secteur privé. Il faut 9 mois pour le traitement au Canada d’une demande de parrainage! Il faut ensuite en moyenne 37 mois pour le traitement de la demande du réfugié à l’étranger.
  • Absence de réponse à la crise syrienne. Le Canada n’a pas ouvert ses portes aux réfugiés syriens, malgré l’ampleur sans précédent de la crise. Les délais de traitement signifient que les réfugiés syriens parrainés mettront des années à arriver, alors que le gouvernement ne s’est engagé à réinstaller que 200 réfugiés syriens.
  • Fin du programme mondial de réinstallation. Dorénavant le Canada réinstallera des réfugiés en provenance d’un nombre limité de pays. Des facteurs économiques, dont la facilité d’adaptation à la vie au Canada, priment sur les besoins de protection. Le gouvernement cherche à limiter le nombre des réfugiés réinstallés ayant des besoins médicaux.
  • Restreindre aux riches le parrainage des parents et des grands-parents. Des nouvelles règles, en vigueur à partir du 1er janvier 2014, augmentent le seuil de revenus requis pour parrainer des parents ou des grands-parents de 30% alors que la durée de parrainage est doublée - de 10 à 20 ans.
  • Longs délais de traitement des enfants. Dans certaines régions, les enfants attendent plus de deux ans pour être réunis avec leurs parents au Canada.

 

Ce que nous défendonsLe CCR demande :

  • Des règles simples et équitables pour tous et sans discrimination
  • Une chance équitable d’être entendu quand les droits sont en jeu.
  • Un statut durable afin de réduire les vulnérabilités.
  • Un retour aux meilleures traditions canadiennes du leadership dans la protection des réfugiés.
  • Une nouvelle priorité accordée à la réunification des familles.
Résumé
L’année 2013 était marquée par l’accroissement des vulnérabilités pour de nombreux réfugiés et immigrants au Canada, le statut étant souvent plus difficile à obtenir et plus facile à perdre. Les priorités économiques l’ont emporté sur la réunification familiale et la protection des réfugiés. Le CCR a rassemblé les nouvelles touchant les réfugiés et les immigrants en 2013 en bilan pour mieux comprendre comment se positionner à l'avenir.

Journée internationale des migrants : retour sur 2013 et les droits des travailleurs migrants au Canada

En cette Journée internationale des migrants (18 décembre), le Conseil canadien pour les réfugiés (CCR) pense aux centaines de milliers de travailleurs migrants au Canada et à ce qui a changé pour eux et pour elles en 2013.  En mai 2013, le CCR a publié une série de bulletins évaluant les niveaux de protection et services offerts par tous les gouvernements provinciaux ainsi que le gouvernement fédéral.

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