Être soi-même

Il y a très peu de documents traitant de la réalité des homosexuel(le)s noirs, ce qui fait que les jeunes noirs en questionnement manquent cruellement de modèles qui leur ressemblent dans la représentation visuelle gaie au Québec. Ainsi, l’organisme Arc-en-ciel d’Afrique a voulu avoir un produit visuel ou écrit qui raconterait les histoires de personnes noires LGBT. Donc, en tant que responsable du comité jeunesse à Arc-en-ciel d’Afrique, j’ai décidé de me charger de rédiger le scénario du documentaire. Nous voulions, à travers ce film, montrer des personnes LGBT de différentes communautés noires; africaines et caribéennes, qui avaient des projets, des rêves et réussissaient leur vie tout en affichant leur homosexualité. L’idée était d’avoir des images positives de gais et de lesbiennes noires. Nous pensons qu’un documentaire aiderait des jeunes des communautés noires en questionnement à avoir des exemples d’hommes et de femmes gais et lesbiennes de leurs communautés qui réussissent.

J’ai commencé, donc, à interviewer des gais et des lesbiennes de mon entourage et qui faisaient partie de l’organisme Arc-en-ciel d’Afrique. On a créé un document et on a tenté de trouver un réalisateur et un producteur, mais cela n’a abouti à rien de concret. Le projet était sur pause jusqu’à ce que le vice président, Carlos Idibouo, nous parle du projet Prends parole! du Conseil canadien pour les réfugiés (CCR). Nous avons vu là une bonne opportunité pour réaliser notre projet qui correspondait bien aux objectifs du CCR.

Je me suis donc proposé de réaliser le documentaire. J’ai structuré un scénario à partir des entrevues déjà faites. J’ai voulu orienter le documentaire plus sur les conflits identitaires, et montrer comment des hommes et des femmes homosexuels passaient à travers les préjugés homophobes et racistes pour oser être eux-mêmes. Les trois participants, Steve d’origine Haïtiennes, Moustapha d’origine camerounaise et Luzi d’origine guadeloupéenne, évoquent bien leur jeunesse, la découverte de leur orientation sexuelle, et la manière dont ils parviennent à s’afficher. 
Le tournage s’est déroulé la fin de semaine de la fierté gaie. La coordonatrice d’Arc-en-ciel d’Afrique, Sabrina Paillé, qui étudie à l’UQÀM, nous a permis d’avoir accès à une salle de montage là-bas. Alexis, le DG, Sabrina et une amie, ont participé au visionnement des clips au cours du montage et ont aidé à orienter le documentaire vers un produit final satisfaisant et qui respecte le thème du départ.

Le lancement qui a eu le 30 septembre 2011, s’est très bien passé et les gens présents ont montré leur satisfaction face au projet. L’organisme Arc-en-ciel d’Afrique compte à présent bonifier le documentaire avec un sous-titrage en français et en anglais. Puis, nous planifions d’aller présenter le film dans des centres jeunesses, des organismes communautaires, des écoles secondaire ou professionnelles, et de créer des ateliers discussions autour du sujet.  Nous avons aussi entamé les démarches pour le faire projeter lors de festival LGBT comme Image+nation et dans le notre Massimadi. 

Laurent Maurice Lafontant, Arc-en-ciel d'Afrique