Un vieil adage dit qu’il suffit parfois d’une seule goutte de plus pour faire déborder le vase. Pour l'équipe qui travaille au bureau du Conseil canadien pour les réfugiés, il a fallu qu’un genou de plus sur le cou d’un homme de plus. Alors que des dizaines de milliers de personnes manifestent contre l'injustice, la violence et le racisme systémique, nous avons voulu profiter de ce moment pour prendre position, en équipe, pour exprimer notre indignation et notre solidarité.
Année après année, nous travaillons sans relâche dans les coulisses du bureau du Conseil canadien pour les réfugiés. Silencieusement, mais efficacement, nous avons organisé des événements, rassemblé des organisations membres, facilité des espaces de réunion et veillé à la fluidité des opérations.
Discrets, silencieux et souvent invisibles, nous veillons à ce que le travail de plaidoyer, le partage des connaissances et les programmes de défense des migrants, des immigrants, des demandeurs d'asile et des réfugiés vulnérables soient réalisés.
Aujourd’hui, en tant qu'équipe du CCR, voici ce que nous avons à dire: Ça suffit!
Aujourd’hui, nous prenons position pour exiger de réels changements à tous les niveaux. Nous devons prendre des engagements et prendre des mesures claires contre le racisme. Nous devons changer la façon dont nous interagissons les uns avec les autres, nous devons mettre en œuvre des actions claires dans nos organisations, nous devons également demander aux gouvernements de prendre des engagements réels contre le racisme. En tant que Canadien-ne-s, nous devons également reconnaître la longue histoire raciste et reconnaître que nos systèmes sont loin d'être accueillants et humains.
Aujourd'hui, nous voulons parler, non pas en tant qu'organisation non gouvernementale mais en tant qu'êtres humains, citoyens, voisins ou parents, pour réfléchir à notre rôle individuel de lutte contre le racisme sous toutes ses figures et pour exprimer notre désir de nous engager pour accéder à un meilleur avenir. De notre cœur au vôtre, nous espérons que toute forme d’injustice sera révélée et que nous ferons tous un meilleur travail en nous aimant, en nous respectant et en nous honorant les uns les autres.
« Plus de genoux brisant les espoirs, brisant des vies, étouffant les esprits et les identités.
Plus de genoux balayant le racisme - systémique ou autre - sous des tapis d'excuses, de contextualisation et de discours politiquement corrects.
Plus de genoux niant aux Noir-e-s leur existence, leur contribution, leur libre arbitre et leur valeur.
Plus de genoux pressant des visages sur le trottoir, des visages de nos communautés privées du droit de respirer.
Plus de genoux forçant les femmes, les hommes, les enfants, les jeunes et les aînés dans des prisons d’oppression, de marginalisation et éventuellement de résignation.
Nou campé. Debout, enfin. »
« En tant que mère de trois petits humains innocents, je promets d’être à l’écoute et de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour inculquer à mes enfants la fierté de leur couleur de peau et à dénoncer toute forme de discrimination. Il est grand temps que les choses changent et j'espère vraiment que la prochaine génération, nos filles et nos fils, grandira dans un monde sécuritaire où personne ne subit de traitement injuste en raison de leur origine. Nulle mère ne devrait craindre pour la sécurité de son enfant en raison de la couleur de sa peau. »
« De retour de la manifestation contre le racisme et les brutalités policières du 7 juin 2020, je rentre à la maison avec le sourire. Un sourire mêlé d’espoir. Un espoir que des lendemains meilleurs nous attendent. De voir cette marée de monde au centre-ville de Montréal venue braver les mesures de distanciation sociale pour se rapprocher comme jamais, cela me donne de l’espoir. De voir ces jeunes et moins jeunes de toutes origines scander haut et fort : ‘No Justice, No Peace’, ou encore ‘Black Lives Matter’ à l’unisson, cela me donne de l’espoir. L'éternelle optimiste en moi aimerait croire qu’il ne s’agit pas là d’une énième manifestation historique qui finira aux oubliettes dans quelques semaines. J’ose croire que cette fois-ci, ce sera différent. Parce que cette fois-ci, nous prenons enfin conscience que nous devons lutter ensemble, main dans la main, de cœur à cœur. »
« Pourquoi le sentiment d'appartenance au cercle humain, comme l'appellent les Premières Nations, ne devrait-il être qu'un privilège réservé à certaines personnes? Pourquoi devrions-nous entretenir les silences et les dénis entourant les privilèges? Pour reconstruire les systèmes et espérer que n'importe qui puisse enfin faire partie de ce cercle, nous devons briser les tabous. Et donc comme demandé dans le Talmud, je me demande en retour: si ce n’est pas moi alors qui? Si ce n’est pas maintenant alors quand?"
« En tant que mère d'une fille interraciale, femme, fille de parents immigrés et depuis longtemps défenseuse des droits de l'homme, je me tiens aux côtés de ceux qui travaillent pour la justice sociale et dénoncent le racisme et la discrimination systémiques. En fin de compte, c'est à travers nos interactions et nos actions dans nos vies personnelles et professionnelles que nous montrons notre solidarité et créons un monde inclusif. Il y a des moments pour renforcer nos efforts, des moments pour donner de l'espace et des moments pour s'exprimer. C'est le moment pour les trois: #BlackLivesMatter. »
« Les cris de chagrin et de rage contre une terrifiante injustice ne sont pas nouveaux, mais cette fois osons-nous espérer que le monde écoutera et passera à l'action? Aujourd'hui, nous entrevoyons une volonté de rêver d'un avenir radicalement meilleur où les forces de police sont fermées. Ne pouvons-nous pas également en faire un moment pour transformer les politiques d'immigration qui oppriment tant de personnes, et en particulier les Noirs? »
L'équipe du CCR
« À la fin, nous nous souviendrons non pas des mots de nos ennemis, mais des silences de nos amis. »
- Martin Luther King -