Le CCR salue une mesure attendue depuis longtemps visant à accorder la résidence permanente aux réfugiés au Canada
Les coupes drastiques pour les personnes réfugiées réinstallées depuis l'étranger sont profondément décevante
Le 5 novembre 2025
Le Conseil canadien pour les réfugiés a salué une mesure clé du plan des seuils du gouvernement annoncé aujourd'hui, mais est consterné par les nouvelles coupes importantes dans le programme de réinstallation des personnes réfugiées. Cela signifie qu’un nombre beaucoup plus faible de personnes réfugiées dans le monde pourront trouver sécurité et stabilité au Canada, même si un foyer les y attend déjà.
L'initiative spéciale visant à accorder la résidence permanente à 115 000 personnes protégées (réfugiées acceptées au Canada) au cours des deux prochaines années est urgente, en raison de l'énorme arriéré de demandes que le gouvernement a laissé s'accumuler.
« Le gouvernement a eu raison d’agir pour répondre aux milliers de personnes à qui le Canada a offert protection sans encore leur accorder le statut permanent. C’est une mesure qui change des vies et qui profite à la société canadienne dans son ensemble », a déclaré Diana Gallego, présidente du Conseil canadien pour les réfugiés. « Nous espérons aussi que le gouvernement s’engagera à traiter rapidement les demandes des membres de la famille à l’étranger. Les familles doivent être réunies avant de pouvoir se reconstruire. »
Depuis de nombreuses années, le CCR exhorte le gouvernement à traiter les demandes en attente de personnes protégées (qui sont aujourd'hui près de 150 000) afin que celles réfugiées acceptées au Canada puissent obtenir le statut de résident permanent sans délai. Ce n'est qu'une fois qu'elles auront obtenu le statut de résident permanent qu'elles pourront s'épanouir dans leur nouvelle vie au Canada et retrouver leur famille. Les délais de traitement récemment publiés montrent que, sans cette mesure, les personnes protégées qui présentent une demande aujourd'hui devraient attendre plus de huit ans!
Cette lueur d'espoir est malheureusement éclipsée par de nouvelles réductions importantes du nombre de personnes réfugiées qui seront réinstallées depuis l'étranger. Le nombre de personnes réfugiées parrainées par le secteur privé passera de 23 000 en 2025 à 16 000 en 2026, soit une réduction de 30 %. Le nombre de personnes réfugiées pris en charge par le gouvernement passera de 15 250 à 13 250.
Le CCR avait exhorté le Canada à veiller à ce qu'au moins 15 % de nos seuils d'immigration soient consacrés à la réinstallation des personnes réfugiées, dont au moins 20 000 d’entre elles prises en charge par le gouvernement. Avec seulement 8 %, nous sommes loin de cet objectif. Plus de 90 000 personnes réfugiées parrainées par le secteur privé attendent actuellement une protection et un foyer permanent au Canada. La décision du gouvernement de fixer l'objectif à 16 000 personnes signifie un temps d'attente de près de six ans. Le Canada s'éloigne de sa longue tradition d'engagement de l'ensemble de la population dans l'accueil des personnes réfugiées du monde entier, à un moment où les besoins mondiaux sont plus importants que jamais.
Autre sujet de préoccupation : le faible objectif fixé pour les demandes à caractère humanitaire. Avec seulement 5 800 places prévues pour les programmes humanitaires spéciaux en 2026, d'innombrables personnes éligibles au titre des mesures spéciales pour celles originaires du Soudan, de l'Ukraine et de Hong Kong seront contraintes d'attendre encore des années, ce qui remet en question le caractère « humanitaire » de la mesure.
Dans l'ensemble, la réduction des objectifs pour les personnes réfugiées, les demandes humanitaires et la catégorie du regroupement familial reflète le nouvel objectif du gouvernement d'augmenter la part économique de l'immigration à 64 %. Cette approche déforme le rôle que joue l’immigration dans la construction de notre société. Nous sommes convaincus que la population canadienne valorise les personnes nouvellement arrivées pour leurs multiples contributions et que l’immigration doit maintenir un meilleur équilibre entre les différentes catégories.
« Nous ne pouvons pas bâtir un Canada fort et résilient sans les personnes immigrantes et réfugiées », a déclaré Gauri Sreenivasan, codirectrice générale du CCR. « Restreindre l’accueil offert aux personnes nouvellement arrivées affaiblit notre société. Au Canada, nous parlons plusieurs langues, venons de nombreux endroits et, malgré nos différences, nous savons qu’on fait mieux ensemble.»
Le CCR s'inquiète des coupes annoncées dans le budget pour les services d'établissement, avec des plans visant à limiter l'admissibilité des personnes immigrantes économiques. Ces services sont essentiels pour aider celles nouvellement arrivées à trouver leurs marques, ce qui enrichit nos communautés grâce à leurs contributions.
Enfin, le plan des seuils prévoit des réductions massives pour les personnes résidentes temporaires (travailleurs temporaires et étudiants internationaux), qui passeront de 516 600 dans le plan 2025 à 385 000 dans le plan 2026. Le CCR estime que la priorité ne devrait pas être de réduire ces chiffres, mais plutôt de créer des voies vers la résidence permanente et d’élargir l’accès aux permis de travail ouverts, afin de contrer les situations d’exploitation vécues par les personnes qui occupent un rôle essentiel dans notre société et notre économie sans que leurs droits fondamentaux soient pleinement respectés.
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