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Les réfugiés trahis par le Canada - Déclaration du CCR sur l'annonce des seuils 2025

Déclaration publique

Le 24 octobre 2024

Les réfugiés trahis par le Canada - Déclaration du CCR sur l'annonce des seuils 2025

En abdiquant honteusement ses responsabilités, le gouvernement canadien a massivement réduit son engagement à offrir une protection aux personnes qui fuient la persécution et le danger dans le monde, et n’est pas loin de garantir que les réfugiés au Canada resteront séparés de leur conjoint et de leurs enfants pendant des années à venir. Le CCR condamne l'annonce d'aujourd'hui et demande au gouvernement d'inverser cette voie dangereuse.

« Derrière les réductions brutales des seuils des catégories humanitaires annoncées aujourd'hui se trouvent plus de 14 000 personnes réelles qui fuient la persécution et cherchent la sécurité au Canada ou qui essaient de survivre face à la violence, à la famine et à la mort, dans des zones de conflit à travers le monde. Les personnes qui sont déjà ici et que nous nous sommes engagés à protéger, ainsi que les membres de leur famille à l'étranger, en pâtissent tout particulièrement. » a déclaré Diana Gallego, présidente du CCR. « Il n'est pas exagéré de dire que les mesures prises aujourd'hui priveront des enfants de leur avenir et détruiront des familles. Des gens vont perdre la vie. »

En prévision de l'annonce des seuils d'immigration, le CCR avait demandé au Canada de relever le défi mondial que représente le nombre croissant de personnes déplacées de force et d'inverser la tendance récente à la baisse des objectifs en matière de réfugiés. Le CCR avait recommandé au Canada d’accueillir un minimum de 20 000 réfugiés pris en charge par le gouvernement et, grâce à une augmentation ponctuelle, qu'il résorbe l'arriéré de réfugiés parrainés par le secteur privé qui attendent d'être réinstallés et qu'il mette fin à la séparation d'un grand nombre d'enfants et de conjoints à l’étranger de personnes qui ont obtenu une protection au Canada.

Le gouvernement n'a pas tenu compte de notre appel et n'a pas respecté les normes internationales qui font notre fierté.

Avec une réduction de 29 000 à 20 000, les coupes pour les personnes protégées et leurs dépendants à l'étranger sont énormes et plus importantes que le reste des seuils. Alors que la réduction globale des seuils d'immigration est de 21 %, cette catégorie (réfugiés au Canada et leurs familles à l'étranger), qui reçoit déjà une part trop faible, est réduite de 31 %. Avec un arriéré de plus de 100 000 demandes actives dans cette catégorie, les chiffres de 2025 indiquent que seul 1 réfugié et membre de sa famille sur 5 (dont certains attendent déjà depuis plus de 4 ans !) obtiendra un statut permanent et pourra reprendre le cours de sa vie. Nous réitérons notre appel au ministre Miller pour qu'il délivre des permis de séjour temporaire (PST) aux membres de la famille à l'étranger de ces demandeurs afin de réunir rapidement les familles. Cet appel est aujourd'hui plus urgent que jamais étant donné la réduction brutale des seuils pour cette catégorie.

Bien que le nombre de réfugiés pris en charge par le gouvernement reste stable à 15 250, comme annoncé l'année dernière, il s'agit d'une réduction par rapport aux années précédentes, et représente une goutte d'eau dans l'océan du nombre croissant de personnes déplacées dans le monde, et d'un chiffre bien inférieur à la capacité réelle du Canada à réinstaller des réfugiés.

Les réfugiés réinstallés depuis l'étranger attendent déjà souvent plus de trois ans. Les cinq mille réductions annoncées pour les réfugiés parrainés par le secteur privé, une décision qui laisse perplexe si l'on considère que tous les coûts des demandeurs de cette catégorie sont couverts par des citoyens, signifieront désormais des attentes encore plus longues, souvent dans des situations où leur vie est quotidiennement menacée. Faire marche arrière au moment où le monde a besoin que nous fassions un pas en avant entachera notre réputation internationale.

Le Canada est réputé dans le monde entier pour son savoir-faire, ses compétences et ses systèmes permettant d'accueillir et de favoriser la réussite des réfugiés. Les solutions sont à portée de main et ne demandent qu'à être étendues. Qu'il s'agisse de la crise en Syrie, en Afghanistan ou en Ukraine, chaque année, les communautés et les familles parrainent à titre privé plus de réfugiés que le gouvernement n'en amène - un signe de soutien public qui fait honte à l'annonce d'aujourd'hui.

Les Canadiens veulent des systèmes bien gérés pour une immigration équitable et compatissante, et ils veulent et méritent l'accès à des logements abordables et accessibles ainsi qu'à d'autres services essentiels. Ces aspirations ne sont pas en concurrence les unes avec les autres, et il était décevant d'assister aujourd'hui à un clivage entre les Canadiens et les futurs Canadiens pour justifier un changement malavisé de la politique d'immigration et de protection des réfugiés.

Le CCR et ses 200 membres continueront à travailler dans les communautés à travers le pays pour soutenir et défendre les droits des réfugiés et des migrants.