Conseil canadien pour les réfugiés
Communiqué
Pour diffusion immédiate
En attente d’une décision de la Cour fédérale, des réfugiés érythréens vivent de graves difficultés au Caire
Le 5 avril 2011 - Des réfugiés érythréens injustement refusés par le Canada survivent péniblement au Caire, a signalé aujourd'hui le Conseil canadien pour les réfugiés. Un an et demi après leur rejet par le bureau canadien au Caire, leur cause sera finalement entendue cette semaine par la Cour fédérale à Toronto.
Des entrevues menées avec dix-sept demandeurs refusés au sujet de leurs conditions de vie au Caire suite à la décision négative du Canada ont permis de souligner les problèmes suivants :
- La difficulté de gagner sa vie. Le travail domestique est pratiquement le seul travail possible pour les réfugiés.
- La discrimination raciale quotidienne, impliquant parfois des agressions.
- Le harcèlement et la violence sexuels.
- Le manque d'accès aux soins de santé.
- L’arrestation et le harcèlement par les autorités, et des droits limités.
- Une vulnérabilité accrue depuis les troubles en Égypte.
- Le manque d'espoir pour l'avenir.
« Je risque constamment d'être arrêtée et expulsée, et je ne peux pas travailler ici », a déclaré une mère monoparentale. « Il n'y a aucun espoir ici, je n'ai pas le droit de travailler, pas de statut légal et je ne vis que de la charité des autres. Je ne peux pas rester ici sans espoir d'intégration et je ne peux pas retourner dans mon pays, je suis coincée et en détresse, il n’y a pas de lumière à regarder. »
« Être réfugié au Caire, c'est comme être prisonnier, vous n'avez pas la possibilité de voyager, et vous ne pouvez aller nulle part, mais vous ne pouvez rien faire ici parce que vous n'avez pas vraiment de documents légaux », a déclaré un Érythréen âgé de 32 ans. « Le refus de l'ambassade canadienne a été très difficile, non seulement car cela signifiait que je devais rester dans cette situation plus longtemps, mais aussi parce que je savais que c'était une décision injuste, que ce n'était pas une décision objective et fondée. »
En mars 2010, le CCR a rendu public un rapport analysant les décisions prises au Caire dans ce type de cas. Le rapport révèle de sérieux problèmes dans la prise de décision, dont un manque de connaissances de base des réalités du pays d’origine des réfugiés, des erreurs élémentaires dans l’application de la définition de réfugié, et de multiples failles dans l’évaluation de la crédibilité.
La Cour fédérale a reconnu en janvier que ces refus soulèvent de sérieuses questions, en accordant l'autorisation au groupe qui comprend actuellement plus de 40 cas. La Cour entendra trois cas types du groupe les 6 et 7 avril. Les avocats qui représentent les Érythréens souligneront l’analyse insuffisante de l’agent des visas accordée aux croyances religieuses des demandeurs, ainsi que l’absence de prise en compte de la situation qui prévaut en Érythrée, notamment en ce qui concerne les femmes, les prisonniers politiques et les personnes qui fuient le service militaire forcé.
« Nous sommes particulièrement préoccupés par le manque apparent de compréhension de l’agent quant à l’expérience vécue par les réfugiés érythréens », a déclaré Tim Wichert, l'un des avocats qui représentent les demandeurs érythréens. « Nous espérons fortement que les agents qui décident du sort des réfugiés – s’ils bénéficieront ou non de la protection du Canada – soient correctement formés et informés, d'autant plus que leurs décisions sont si peu surveillées. »
Contact :
Colleen French, coordonnatrice de la communication du CCR, (514) 277-7223 poste 1, cfrench@ccrweb.ca
Lisez les propos des réfugiés interviewés :
Document d’information, Des réfugiés érythréens vivent de graves difficultés au Caire, 5 avril 2011.
Pour de plus amples renseignements :
Communiqué, Les réfugiés outremer n’ont pas accès à un traitement équitable, 25 mars 2010.
Rapport du CCR (en anglais), Concerns with refugee decision-making at Cairo, 31 janvier 2010.