Le 29 mars
2006, MONTRÉAL – Le Conseil
canadien pour les réfugiés (CCR), Amnistie internationale
Canada (AI) et le Conseil
canadien des Églises (CCE) ont annoncé aujourd’hui la
présentation de leurs
arguments à l’appui de la contestation judiciaire de l’Entente
sur les tiers
pays sûrs, laquelle ferme presque totalement la frontière
canado-américaine aux
réfugiés.
Les
mémoires, qui comprennent un nombre imposant d’affidavits
d’experts américains,
soutiennent que les États-Unis n’étant pas un pays
sûr pour tous les réfugiés,
l’Entente sur les tiers pays sûrs va à
l’encontre de la Charte canadienne des droits et
libertés, tout comme
des obligations internationales du Canada à l’égard des
droits de la personne.
On retrouve
ces mêmes préoccupations des trois organismes dans un
rapport de Harvard publié
aujourd’hui, “Bordering on Failure: The US-Canada Safe Third
Country
Fifteen Months after Implementation”
. Ce dernier, publié par Harvard
Law Student Advocates for Human
Rights & The International Human Rights Clinic, Human Rights
Program,
Harvard Law School, conclut que « l’Entente met en
péril la vie des
réfugiés en leur refusant les protections
fondamentales. »
(http://www.law.harvard.edu/academics/clinical/asylum_law/)
« Avant
même la signature de l’Entente, Amnistie internationale a
clairement fait part
au gouvernement canadien de nos profondes préoccupations au
sujet du renvoi des
demandeurs de refuge auprès des États-Unis »,
déclare Gloria Nafziger,
coordonnatrice pour les réfugiés pour Amnistie
internationale. « Or, la
situation des réfugiés aux
États-Unis n’a fait que s’aggraver depuis. »
« Les
Églises canadiennes s’estiment responsables de veiller à
ce que les réfugiés,
qui comptent parmi les membres les plus vulnérables de notre
société, reçoivent
la protection nécessaire. Nous
avons
opté pour le recours judiciaire parce que l’Entente sur les
tiers pays sûrs ne
protège pas les droits de certains
réfugiés, », affirme la
Révérende Karen
Hamilton, secrétaire générale du Conseil canadien
des Églises.
Les
organismes font observer qu’il n’a pas encore été
publié d’examen de la
première année de mise en vigueur de l’Entente, bien que
cette dernière exige
une telle mesure « dans les 12 mois qui suivent la date de
son entrée en
vigueur ». L’Entente stipule
également que l’examen doit se faire avec la participation du
Haut Commissariat
des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).
« Le
gouvernement canadien a fait abondamment état du fait que le HCR
veillerait au
respect de l’entente, mais près de quinze mois après sa
conclusion, on attend
encore un rapport officiel des deux gouvernements sur les
résultats de
l’évaluation du HCR », fait observer Nick Summers,
ex-président du
CCR « Dans l’intervalle, des
réfugiés voient leur vie menacée.
Nous
célébrerons la semaine prochaine, soit le 4 avril, la
Journée des droits des
réfugiés, en mémoire de l’arrêt de la Cour
suprême selon lequel les réfugiés,
au Canada, ont en effet des droits. Nous demandons aux tribunaux, dans
notre
contestation judiciaire, d’affirmer à nouveau ces
droits. »
La contestation judiciaire a été
présentée le 29 décembre 2005 par les trois
organismes, auxquels se joignait un demandeur d’asile aux
États-Unis qui est empêché par l’Entente sur les
tiers pays sûrs de rechercher la protection du Canada, tout en ne
jouissant pas de celle des États-Unis. On
demande à la Cour fédérale de déclarer que
la désignation des États-Unis comme tiers pays sûr
est inconstitutionnelle et contrevient au droit international. On fait notamment valoir que les
États-Unis ne respectent pas intégralement leurs
obligations en vertu de la Convention contre la torture et de la
Convention des réfugiés et qu’en renvoyant les demandeurs
de refuge aux États-Unis pour détermination de leur
statut, le Canada manque à ses obligations à
l’égard des réfugiés et au droit à la vie,
la liberté, la
sécurité de la personne et à
l’égalité que leur garantit la Charte.
Contacts :
Janet Dench, Directrice, Conseil canadien pour les
réfugiés (513 277-7223, poste 2)
Beth
Berton-Hunter, Media & External Communications Office, Amnesty
International , 416-363-9933 ext 32
Rév. Karen Hamilton, Conseil canadien des
Églises, 416
972-9494 (poste 22) (cellulaire: 416 522-3883)