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Au-delà des apparences :

Mythes et préjugés sur les réfugiés et les immigrants

au Québec et au Canada

RÉFUGIÉS


Mythe # 1 : Le Canada accueille plus de réfugiés qu'il ne le devrait.

En réalité ...

- À la fois en chiffres absolus et en proportion, bien d'autres pays occidentaux accueillent plus de revendicateurs du statut de réfugié que le Canada.(1) Au fil des années, l'Allemagne, le Royaume Uni et les États-Unis ont, chacun, reçu plus de demandes que le Canada. Par habitant, en 1998, l'Allemagne, les Pays-Bas et la Suisse, ont enregistré un plus grand nombre de demandes du statut de réfugié que le Canada (2).

- La plupart des réfugiés sont originaires des pays du Sud, et s'y trouvent encore. Les pays suivants ont chacun accueilli plus d'un quart de million de personnes déplacées : le Congo/Zaïre, l'Éthiopie, la Guinée, le Soudan, la Tanzanie, l'Azerbaïdjan, l'Allemagne, la Fédération de Russie, la Yougoslavie, les États-Unis, la Chine, la bande de Gaza, l'Iran, la Jordanie, le Liban, la Syrie, la Cisjordanie, l'Inde et le Pakistan. Par comparaison, le Canada en a reçu 48 800 (3).

- Chaque année, le nombre de réfugiés acceptés par le Canada représente moins d'un dixième d'un pourcent de sa population.
 

Mythe # 2 : La plupart des revendicateurs du statut de réfugié sont acceptés, tandis que ceux qui sont rejetés ont de nombreuses possibilités d'aller en appel.

En réalité...

- Moins de la moitié des revendicateurs du statut de réfugié voient leur demande acceptée. En 1998, 44% des demandes enregistrées ont été acceptées (4). Au cours des cinq dernières années (1994-1998), le taux moyen d'acceptation était de 48%.

- Bien que la définition d'un réfugié traite des questions de vie et de liberté, il n'existe en fait aucun recours pour les revendications qui ont été déboutées. L'appel au niveau de la Cour fédérale est limité et peu de revendicateurs obtiennent la possibilité de se faire entendre par cette instance. Il existe une révision des risques, elle est toutefois très réduite et 95% des cas soumis sont rejetés.
 

Mythe # 3 : A cause de la lourdeur bureaucratique, les revendicateurs du statut de réfugié peuvent prolonger indéfiniment leur séjour au Canada.

En réalité...

- Il y a très peu de chances qu'un revendicateur dont la demande a été rejetée puisse reporter une mesure de déportation. Même en invoquant des considérations humanitaires, on ne peut surseoir à une mesure de renvoi.

- En 1998, plus de 5 000 revendicateurs du statut de réfugié déboutés ont été déportés à l'extérieur du Canada. De nombreux autres ont quitté volontairement.
 

Mythe # 4 : Les réfugiés arrivant au Canada munis de faux documents sont des imposteurs.

En réalité...

- Pour nombre de réfugiés, un faux document de voyage représente la seule chance d'échapper à la persécution ou à la mort. Souvent, des gouvernements refusent à des dissidents politiques connus de leur délivrer des passeports; ou encore, ils sont emprisonnés s'ils en font la demande. Le fait qu'un revendicateur fasse usage de faux documents ne nous informe aucunement si cette personne est un réfugié ou non.

- Le droit international proscrit aux gouvernements de pénaliser les réfugiés s'ils utilisent de faux documents car le plus souvent ils ne peuvent pas se les faire délivrer (5).

- A l'instar du Canada, la plupart des gouvernements exigent des voyageurs d'être munis de visas, ce qui constitue un obstacle énorme pour les réfugiés tentant d'échapper à la persécution. Plus nombreuses sont les mesures adoptées par les gouvernements pour empêcher l'entrée de personnes sur leurs territoires, plus les réfugiés sont contraints de recourir aux faux documents et aux trafiquants pour les aider dans leur fuite.
 

Mythe # 5 : Les revendicateurs du statut de réfugié en territoire canadien ont moins de mérite que ceux qui en font la demande à l'étranger. Le Canada devrait donc leur fermer ses frontières et les sélectionnner exclusivement à l'étranger.

En réalité...

- Tous les réfugiés sont des personnes qui ont été contraintes de quitter leur pays suite à des violations des droits de la personne et elles méritent toutes d'avoir une chance de recommencer une nouvelle vie. Dire que certains d'entre eux ont moins de mérites que d'autres, reviendrait à affirmer que certains êtres humains ont moins de valeur que d'autres.

- Le Canada a des obligations particulières envers tout réfugié sur son territoire. Les refouler vers la persécution constituerait une violation des principes internationaux en matière des droits de la personne.

- Tout en respectant les droits des réfugiés qui en font la demande sur son territoire, le Canada pourrait contribuer davantage à la réinstallation des réfugiés se trouvant à l'étranger.
 
 

Devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l'asile en d'autres pays.

Article 14 de la Déclaration universelle des droits de l'homme.

IMMIGRANTS






Mythe # 1 : Les immigrants sont un fardeau pour l'économie et une perte au niveau des taxes pour le gouvernement.

En réalité...

- De nombreuses recherches continuent à démontrer que les immigrants contribuent positivement à la croissance économique. Un comité parlementaire qui a étudié la question, est arrivé à la conclusion selon laquelle « les témoignages entendus par le Comité confirment que ce programme continue d'avoir une bonne influence sur notre économie » (6).

- En fait, l'immigration augmente les revenus de l'État et amène un bénéfice net dans les taxes (7).

- Le taux d'emploi des immigrants est sensiblement égal à celui des citoyens nés au Canada. Toutefois, les immigrants sont plus nombreux à s'installer à leur propre compte que les citoyens nés au Canada (8).
 

Mythe # 2 : Les immigrants volent des emplois aux « vrais » Canadiens, contribuant à l'augmentation du chômage et à la baisse des salaires.

En réalité...

- Il n'existe aucun lien établi entre l'immigration et le chômage (9). Qui plus est, on assiste souvent à une croissance économique durant les périodes de forte immigration (10).

- Les immigrants n'évincent pas de leur emploi les travailleurs nés au Canada (11). Plusieurs immigrants créent des emplois en fondant des compagnies et en investissant des capitaux (12).

- Des études ont démontré que l'augmentation des niveaux d'immigration n'affecte pas de manière significative les échelles de salaire des citoyens nés au Canada (13).
 

Mythe # 3 : Les immigrants ne s'intègrent pas et mettent en péril les valeurs canadiennes et québécoises. Leur niveau de scolarisation est faible et plusieurs ne parlent pas français ou anglais.

- La plupart des immigrants parlent déjà l'anglais ou le français avant leur arrivée, ou ils apprennent l'une d'entre elles ou les deux peu de temps après. La plupart des immigrants au Québec travaillent dans un milieu francophone (14). En moyenne, les immigrants sont plus scolarisés que les citoyens nés au Canada. Nombre d'enfants parmi les meilleurs élèves des écoles canadiennes sont immigrants ou réfugiés (15).

- Les enfants nés à l'étranger ont de bons résultats scolaires. Une étude menée à Montréal a révélé qu'au niveau de la 3ième année les enfants allophones atteignent les mêmes compétences que les enfants nés au Canada (16).

- Plus de 80% des immigrants adoptent la nationalité canadienne (17). Des études ont démontré que les immigrants participent autant que les citoyens nés au Canada à la vie politique du pays (18).

- Les craintes entourant l'intégration des immigrants ne sont pas récentes. D'une génération à l'autre, les gens ont toujours été préoccupés de savoir si les immigrants plus récents allaient s'intégrer aussi bien que les immigrants établis précédemment.

- Les immigrants contribuent au développement de nos valeurs empreintes de diversité et d'ouverture.
 

Mythe # 4 : L'augmentation de l'immigration conduit à l'accroissement de la criminalité.

En réalité...

- Il n'existe aucune relation établie entre l'immigration et la criminalité. Les immigrants sont moins portés à commettre des crimes majeurs que les citoyens nés au Canada et sont proportionnellement sous-représentés dans la population carcérale. Selon les statistiques les plus récentes, alors que 20,5% de la population canadienne âgée de plus de 15 ans est née à l'étranger, seulement 11,9% de la population carcérale est née à l'étranger (19).

- Les immigrants sont des gens comme tout le monde : quelques-uns aboutissent en prison, la plupart respecte les lois.
 

RÉFÉRENCES

1 - Consultations intergouvernementales, Genève : statistiques sur l'asile.

2 - Consultations intergouvernementales, Genève : statistiques sur l'asile.

3 - US Committee for Refugees. World Refugee Survey 1998. Statistiques disponibles au 31 décembre 1997. Ces statistiques englobent les réfugiés qui ne désirent pas ou sont dans l'impossibilité de retourner dans leurs pays, en raison de la persécution ou de conflits armés, et qui ne disposent pas d'une solution durable, ainsi que les revendicateurs du statut de réfugié en attente d'une décision à leur égard.

4 - Statistiques de la Commission de l'immigration et du statut de réfugié.

5 - Article 31 de la Convention de Genève relative au statut de réfugié, 1951.

6 - « Incidence économique de l'immigration au cours des dernières années ». Premier rapport du sous-comité des Diminishing Returns, 8ième rapport du Comité permanent de la citoyenneté et l'immigration, novembre 1995. Se référer également au Conseil économique du Canada, « New Faces in the Crowd: The Economic and Social Impacts of Immigration » (Ottawa : Approvisionnements et Services Canada, 1991), ci-après « New Faces in the Crowd ».

7 - Ather H. Akbari, « Impact des immigrants sur le Trésor canadien vers 1990 », in « Diminishing Returns », D. DeVoretz (éd.), 1995, p. 127 : en accord avec les conclusions d'une étude précédente : « un ménage moyen d'immigrants arrivant en 1990 au Canada représentait un investissement rentable pour les Canadiens de souche en constituant une source de transferts de fonds publics » (notre traduction).

8 - CICNet Publications, « Profil des immigrants au Canada », 1997, p. 7.

9 - « New Faces in the Crowd », voir note 6 ci-haut. « Trends in International Migration », rapport annuel 1996 (Paris : Organisation pour la Coopération et le Développement Économique 1997), p. 41.

10 - Anthony Richmond, « Immigration and Structural Change: The Canadian Experience, 1971-1986 », International Migration Review, 26: 4 (hiver 1994), p. 1200.

11 - Arun S. Roy, « Job displacement effects of Canadian immigrants by country of origin and occupation », International Migration Review, printemps 1997. Don DeVoretz, « Immigration and Employment Effects » (Ottawa: Institut de recherche en politiques publiques, novembre 1989).

12 - C. Passaris, « The role of immigration in Canada's demographic outlook », International Migration, 36: 1, 1998. Don DeVoretz, « Immigration to Canada : economic impacts » (Ottawa : Emploi et Immigration Canada, 1989).

13 - Carl Sonnen, « Medium and long-term macroeconomic implications of increased immigration» (Ottawa: Infometrica, septembre 1989).

14 - « Ensemble bâtissons l'avenir », collection ÉTUDES ET RECHERCHES No 7, l'adaptation linguistique des immigrants de la décennie 1980. Équipe de recherche en démographie urbaine, UQAM, avril 1993.

15 - CICNet Publications, « Profil des immigrants au Canada »; M. Beiser, R. Dion et al., « Immigrant and refugee children in Canada », Canadian Journal of Psychiatry, mars 1995.

16 - CICNet Publications, « Profil des immigrants au Canada », 1997, p. 4. En date de 1991, 81% des immigrants éligibles ont adopté la citoyenneté canadienne.

17 - Daiva K. Stasiulis, « La participation des immigrants et des membres des communautés ethnoculturelles et des minorités visibles à la vie politique canadienne » (document soumis au Séminaire thématique « Les immigrants et la participation civique : questions actuelles de politiques et de recherche », Montréal, novembre 1997).

18 - Monique Richer, « les nouveaux arrivants réussissent à l'école », Le Journal de Montréal, 15 mars 1994, A22.

19 - Derrick Thomas, « The foreign born in the federal prison population » (document soumis lors de la Conférence de l'Association canadienne des lois et de la société, Université Carleton, 8 juin 1993) - statistiques de 1991; voir également John Samuel, « Debunking the myths of immigrant crime », Toronto Star, 17 juin 1998.



Conseil canadien pour les réfugiés
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(514) 277-7223
Fax : (514) 277-1447
Courriel : ccr@web.net
Site web : www.web.net/~ccr

Produit avec le soutien de la Fondation canadienne des relations raciales et du Congrès du Travail du Canada

1999
 

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