RESTRUCTURATION DU GOUVERNEMENT :
LA NOUVELLE AGENCE FRONTALIÈRE
Janvier 2004
NOTRE PRÉOCCUPATION : Le nouveau gouvernement
traite les demandeurs du statut de réfugié comme des menaces
possibles, plutôt que comme des personnes qui nécessitent la
protection du Canada.
CE QUI A ÉTÉ FAIT : Le 12 décembre
2003, le gouvernement a créé l'Agence des services frontaliers
du Canada et a transféré vers elle toutes les opérations
de l'exécution de la loi anciennement assurées par Citoyenneté
et Immigration Canada (CIC). Ces opérations de l'exécution
de la loi comprennent les renvois, la détention et les enquêtes.
On a également transféré les Examens des risques avant
renvoi (ERAR), même si ces révisions sont destinées à
évaluer si le demandeur a besoin de la protection du Canada, et ne
rentrent pas dans la catégorie des opérations de l'exécution
de la loi. L'Agence des services frontaliers du Canada relève d'Anne
McLellan, vice-première ministre et ministre de la Sécurité
publique et de la Protection civile (et non pas de la Ministre de la Citoyenneté
et de l'Immigration).
L'annonce gouvernementale du 12 décembre déclare que « Citoyenneté
et Immigration Canada demeurera responsable de la politique d'immigration
afin de protéger les intérêts des immigrants et des réfugiés. »
CE QUI POURRAIT ARRIVER : Des discussions sont actuellement
en cours au sujet du transfert éventuel des opérations des
points d'entrée, incluant l'entrevue initiale ainsi que la decision
sur la recevabilité des demandes du statut de réfugié.
Même les décisions sur la recevabilité des demandes
déposées à l'intérieur (et donc pas à
la frontière) pourront être transférées à
la nouvelle Agence frontalière. Si cela se produit, les demandeurs
n'auront presque plus affaire à Citoyenneté et Immigration
Canada, car la quasi-totalité des anciennes fonctions de CIC à
l'égard des demandeurs seront assumées par la nouvelle Agence
frontalière.
POURQUOI CELA EST IMPORTANT :
- L'Agence des services frontaliers du Canada est une agence d'exécution
de la loi, qui relève d'une ministre dont le mandat est de protéger
la sécurité des Canadiens. Dans une telle structure, la protection
des réfugiés ne sera pas prioritaire. En effet, une agence
dont la fonction principale est de détenir et de déporter traitera
les demandeurs du statut de réfugié comme des candidats à
la détention et à la déportation. Pourtant les demandeurs
dont beaucoup ont souffert la torture ou d'autres expériences traumatisantes,
méritent d'être traités avec compassion et sensibilité.
- Déterminer qui a besoin de protection est complexe et exige
une expertise particulière qui n'est pas disponible à la nouvelle
Agence. Même Citoyenneté et Immigration Canada, qui est responsable
de la protection des intérêts des réfugiés, peut
être jugé sous qualifié pour faire les Examens des risques
avant renvoi. La nouvelle agence, qui dispose de l'expertise dans le domaine
de l'exécution de la loi, n'a pas du tout les compétences requises
pour faire les Examens des risques avant renvoi. De plus, l'Agence fait
face à une situation de conflit d'intérêts dans la mesure
où elle doit en même temps renvoyer les gens et décider
de ne pas les renvoyer en raison de leurs besoins en matière de protection.
- Le Canada suit l'exemple des États-Unis, qui viennent de placer
les services d'immigration au sein du Department of Homeland Security, traitant
ainsi les immigrants de menaces possibles à la sécurité.
Si au Canada la plupart des services d'immigration demeurent chez Citoyenneté
et Immigration Canada, le gouvernement semble prêt à sacrifier
les intérêts des demandeurs du statut de réfugié
afin de répondre aux pressions de la part des États-Unis en
faveur d'une harmonisation des politiques avec celles qui sont en vigueur
au sud de la frontière.
- En plaçant les demandeurs du statut de réfugié
sous la responsabilité de la Ministre de la Sécurité
publique, le gouvernement déclare publiquement qu'il considère
les demandeurs comme une menace à la sécurité. Les
demandeurs du statut de réfugié sont à la recherche de
la sécurité; ils ne représentent pas du tout une menace
à la sécurité. Ils servent également très
facilement de boucs émissaires, tel que le témoignent les attaques
irrationnelles et chargées d'émotions dirigées contre
les réfugiés au Canada et ailleurs dans le monde. Le gouvernement
devrait lutter contre les préjugés au lieu de les alimenter.
CE QUE NOUS DÉSIRONS :
- La responsabilité pour les demandeurs du statut de réfugié,
notamment le traitement au point d'entrée et les décisions
sur la recevabilité, devrait demeurer chez Citoyenneté et Immigration
Canada.
- La responsabilité pour les Examens des risques avant renvoi
(ERAR) devrait être retirée à l'Agence des services frontaliers
du Canada. L'endroit le plus adéquat pour l'ERAR est la Commission
de l'immigration et du statut de réfugié.